L’histoire mérite d’être racontée. Au début des années 2000, Jean-Christophe Spinosi découvre le Lamento de Johann Christoph Bach et interpellé par sa modernité, décide de commander au compositeur Nicolas Bacri une œuvre dont l’instrumentarium, la voix, le texte, la durée et le tempo seraient inspirés de cette partition, mais dont le langage resterait libre. De ce cahier des charges très précis, naîtra le Lamento op. 81, créé en 2002 dans une petite église bretonne par Philippe Jaroussky. Pour son premier enregistrement chez Deutsche Grammophon, le monsieur 100.000 volts de l’Ensemble Matheus a tenu à reprendre ces deux pièces. Ajoutées à un extrait de la Cantate BWV 170 de Johann Sebastian Bach (« Wie jammern mich doch die verkehrten Herzn ») et interprétées par Malena Ernman, elles forment le versant vocal d’un programme hétéroclite qui mélange compositions baroques et modernes. Jean-Christophe Spinosi poursuit ainsi son idée d’instaurer un dialogue musical d’un siècle à l’autre, tel le miroir aux multiples facettes qui reflète différemment la même image. D’où le titre de ce nouvel album – Miroirs – dont la sortie est annoncée le 28 octobre 2013. [Christophe Rizoud]