Difficile, quand on est un des ténors les plus en vue du moment, de ne pas apporter sa pierre à l’édifice laudateur érigé en l’honneur de ces deux titans de l’opéra que sont Verdi et Wagner, à l’occasion du bicentenaire de leur naissance. Entre l’italien et l’allemand, le choix n’est pas évident quand on peut tout chanter mais, nationalité oblige, Jonas Kaufmann a finalement opté pour le second qu’il célèbrera au travers d’un récital discographique à paraître en février 2013. Ecueil de l’exercice : se distinguer à tout prix de ses partenaires et prédécesseurs qui ont déjà enregistré tous les airs que l’on peut détacher des opéras wagnériens. Pour se démarquer, Jonas Kaufmann a choisi d’ajouter aux sempiternels extraits de Die Walküre, de Siegfried, de Die Meistersinger von Nürnberg, de Tannhäuser et de Lohengrin, les Wesendonck Lieder que l’on a plus souvent l’occasion d’entendre interprétés par une voix de soprano. Dans le passé, Placido Domingo, Franco Corelli (en français !) et même Andrea Bocelli avaient eux aussi fait exception à la règle sans nous convaincre de la pertinence de la démarche. Tout le talent de Jonas Kaufmann suffira-t-il à nous persuader du contraire ? [Christophe Rizoud]