Après Ludovic Tézier dans le Corriere della Serra au mois d’août dernier, c’est à son complice au disque et à la scène, Jonas Kaufmann, de dénoncer dans une interview au Times les effets néfastes de certaines mises en scène contemporaines. « Nous payons désormais la facture de tout ce que nous avons fait à l’opéra au cours des dernières décennies. Les gens ont découvert qu’aller à l’opéra ne signifiait plus nécessairement passer une soirée divertissante, mais au contraire, avoir ses problèmes constamment jetés à la figure. Ça n’aide pas beaucoup », constate le ténor, mettant en cause la domination du Regietheater sur les scènes européennes ces vingt à trente dernières années. Selon lui, l’absence de créations lyriques « agréables à écouter » aurait entraîné cette réinterprétation radicale des œuvres du répertoire.
Une opinion qui, on s’en doute, remet sur la table un sujet déjà longuement débattu et auquel le Metropolitan Opera semble vouloir apporter une solution en favorisant la création et la reprise d’ouvrages modernes plus facile d’accès. « The only path forward is reinvention » a déclaré le directeur général de l’institution new-yorkaise, Peter Gelb, dans le New York Times. Une nouvelle production d’opéra contemporain ouvrira désormais les saisons du Met. En 2023, ce sera Dead Man Walking de Jake Heggie, une oeuvre créée en 2000, qui prend justement soin de ne jamais heurter les oreilles.