On le sait, depuis quelques années, le répertoire de June Anderson a considérablement évolué, pour inclure non seulement Richard Strauss (Daphné, Salomé) mais aussi la musique de la deuxième moitié du XXe siècle : on a notamment pu l’entendre dans Les Bassarides de Henze au Châtelet, ou en Madame Lidoine de Dialogues des carmélites à Nice. Depuis peu, l’ex-belcantiste aborde aussi les compositeurs vivants, puisqu’elle fut, toujours au Châtelet, Pat Nixon dans la mémorable production de Nixon in China de John Adams. Cet été, au festival de Glimmerglass, elle devait participer à la reprise de l’opéra de Tobias Picker, An American Tragedy, d’après le roman de Theodore Dreiser, créé au Metropolitan Opera en 2005. Mais loin de succéder à Patricia Racette, créatrice du rôle principal de la jeune héroïne, elle aurait dû reprendre un troisième rôle féminin, celui d’Elvira Griffiths, créé à New York par Dolora Zajick. Or, sur le programme du festival, le nom de June Anderson n’apparaît plus nulle part. La belle June serait-elle rendu compte qu’elle n’était ni mezzo, ni contralto ? Pourtant, Patricia Schuman, sa remplaçante, est tout aussi soprano, ce qui en dit long sur le désir des compositeurs américains d’épargner leurs interprètes en ne sortant jamais d’une certaine zone de confort, quitte à ce que les tessitures en deviennent floues. Non, le mystère plane décidément sur cette annulation, et l’on ne peut qu’espérer que June Anderson reviendra bientôt sur les scènes.
Tobias Picker, An American Tragedy, du 20 juillet au 24 août, Aleksey Bogdanov, festival de Glimmerglass, renseignements