Ce devait être un évènement lyrique de grande ampleur. Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna avaient rendez-vous avec le public du Liceu à l’occasion d’une Tosca mise en scène par Raffael R. Villalobos. Le spectacle avait été créé à La Monnaie de Bruxelles en juin 2021 par un dramaturge qui déclarait dans nos colonnes qu’une société qui répète ad nauseam la même manière de faire de l’art est une société morte. En effet, sa Tosca transposée dans le Rome des années de plomb avait fait couler beaucoup d’encre. Forumopera estimait, au soir de la création, que la proposition peinait à trouver dans la concrétisation de la représentation l’intérêt qu’elle avait sur le papier. Impression tempérée lors de la reprise, plus convaincante, à Montpellier.
Lundi, un communiqué du Gran Teatre del Liceu annoncait que le couple star avait pris la décision de se soustraire aux charmes transgressifs de la production. Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna jettant l’éponge, en opposition à cette production que certains internautes, proches du couple, jugent « obscène ».
Contacté par nos soins, le directeur de La Monnaie, Peter de Caluwe, le producteur originel du spectacle a tenu à calmer les esprits :
Les théâtres ont la responsabilité de choisir les artistes qui rendent justice aux œuvres ; des artistes heureux de s’engager dans la construction dramaturgique des personnages qu’ils interprètent. Dans la Tosca de Puccini et de Sardou, Cavaradossi est un jeune intellectuel ; un révolutionnaire féroce et un artiste prometteur. La production de la Monnaie, récemment reprise à Montpellier et qui voyagera à Barcelone et à Séville la saison prochaine, fait du jeune héros un frère de Pasolini. Tous deux exécutés à Rome au nom de leurs croyances en la liberté d’expression, de la transgression que représentait leurs amours… et de leur art. Ceux qui jadis furent qualifés d’ennemis du régime sont aujourd’hui des héros, à nos yeux contemporains. Je comprends que Roberto Alagna ne se reconnaisse pas dans ce portrait et souhaite se retirer du projet. Les artistes ont la liberté de décider pour eux-mêmes et il est fondamental que nous leur garantissions ce droit.