Souvent confondue avec la mezza voce (qui signifie chanter à mi-voix), la messa di voce est l’un des effets guettés avec avidité par tout amateur de galipettes vocales. Il s’agit d’attaquer la note pianissimo pour en augmenter le volume puis revenir graduellement au pianissimo initial, le tout sans reprendre son souffle – sinon ça ne serait pas drôle. Incontournable au temps des castrats, cette technique ornementale a progressivement disparu lorsque le chant à la recherche de vraisemblance s’est affranchi des contraintes belcantistes. Mais les compositeurs romantiques du début du XIXe siècle – Rossini, Donizetti , Bellini, le jeune Verdi même – l’acceptent encore, voire l’exigent.
L’exercice est d’autant plus rare que son exécution est difficile. En 1996 à Pesaro à la fin de son air dans L’occasione fa il ladro, Rockwell Blake en faisait la démonstration à l’envers, c’est-à-dire en attaquant le son fortissimo pour le diminuer puis l’enfler progressivement.
Ce n’est pas tant ici la maîtrise technique qui éblouit mais la preuve qu’intelligemment utilisée, la messa di voce – comme tous les effets belcantistes d’ailleurs – est un redoutable moyen d’expression.