En marge des représentations de La Muette de Portici, l’Opéra-Comique a proposé deux soirs de suite, les 20 et 21 avril, La Petite Messe Solennelle de Rossini dans son interprétation originelle – douze chanteurs dont 4 solistes, 2 pianos et 1 harmonium – telle que recommandée par le compositeur lui-même sur la page de garde de son manuscrit. Et comme il avait raison ! Si l’on a entendu dans l’ultime chef d’œuvre de Rossini des voix d’une autre envergure que celles réunies pour l’occasion, Nicholas Jenkins, qui dirigeait la partition, a démontré qu’il s’agissait de la seule version capable d’en traduire toute les subtilités. Interprétation originelle donc et en même temps iconoclaste car mise en scène par Nico and the Navigators, une compagnie venue d’Outre-Rhin avec tout ce que cela comporte d’audace et d’irrévérence. Des dialogues interrogent entre les numéros l’existence de Dieu et des gestes se superposent à la musique. Pourquoi pas ? A condition d’injecter au spectacle un surcroit de réflexion ou d’émotion et non une vaine agitation qui distrait l’auditeur de son écoute et l’empêche de parcourir spirituellement les quatorze stations du testament musical de Rossini. Pas de huées pourtant à la fin du spectacle, ou très timides, les mécontents ayant les uns après les autres déserté la salle durant la représentation. Christophe Rizoud
Gioachino Rossini, La Petite Messe Solennelle – Opéra-Comique, vendredi 20 et samedi 21 avril, 20h – Spectacle de Nico and the Navigators – Conception et mise en scène, Nicola Hümpel ; Direction musicale, Nicholas Jenkins ; Pianos, David Zobel, SooJin Anjou ; Harmonium, Jan Gerdes ; Sopranos, Laura Mitchell*, Julla von Landsberg, Elizabeth Weisberg ; Mezzos, Ulrike Mayer*, Annerose Hummel ; Contre-ténor, Philipp Caspari ; Ténors, Milos Bulajic*, Ted Schmitz, Sean Clayton ; Basses, Nikolay Borchev*, Michael Adair, Ulf Bunde ; Acteurs-danseurs, Yui Kawaguchi, Peter Fasching, Adrian Gillott, Patric Schott (* soliste)