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La traviata au cinéma : Yoncheva, troublante Violetta

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Brève
12 mars 2017
La traviata au cinéma : Yoncheva, troublante Violetta

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Créée au Festival de Salzbourg en 2005 la production de La traviata signée Willy Decker est devenue mythique désormais puisqu’elle a contribué à lancer la carrière internationale d’Anna Netrebko. Le metteur en scène, rappelons-le, transpose l’action de nos jours dans des décors minimalistes, une paroi semi-circulaire, quelques canapés et un gros cadran d’horloge pour rappeler à l’héroïne que te temps lui est compté. Au premier acte, Violetta en robe rouge semble être le jouet d’un groupe d’hommes – les chœurs – vêtus de noir tandis que le Docteur Grenvil, sorte d’incarnation du destin, assiste impuissant à sa déchéance tout au long du drame. Cette production a fait son entrée au Metropolitan opera en 2010 avec Marina Poplavsaya. D’autres sopranos se sont succédé depuis dans le rôle-titre, notamment Natalie Dessay dont la prestation avait fait l’objet d’une première diffusion dans les cinémas en 2012.

Ce 11 mars  2017, c’est autour de Sonya Yoncheva, nouvelle coqueluche du Met, d’avoir les honneurs d’une retransmission sur grand écran dans le monde entier. Par rapport aux représentations de la saison dernière à l’Opéra Bastille, son interprétation de la courtisane a paru en progrès, tant du point de vue vocal que théâtral. La voix a encore gagné en assurance et en homogénéité, le registre grave s’est étoffé et la colorature est désormais tout à fait maîtrisée ce qui nous vaut un premier acte électrisant notamment le « Sempre libera », sans contre-mi bémol toutefois. En revanche la cantatrice a paru extérieure aux émois de son personnage dans « Ah ! fors’é lui ». Au deuxième acte elle parvient à être touchante lors de sa grande scène avec Germont avant de livrer un « Amami Alfredo » déchirant, le point culminant de son incarnation. Son troisième acte est émouvant de bout en bout, Yoncheva sait varier les couleurs au gré des situations, toutefois sa dynamique vocale semble limitée et l’on peut regretter l’absence de demi-teintes, voire de sons filés, dans un chant le plus souvent en force.

A ses côtés Michael Fabiano souffle le chaud et le froid dans un rôle qui convient pourtant à ses moyens essentiellement lyriques. Son premier acte est dépourvu de passion, « un dì felice » laisse de marbre, Son air d’entrée au deux capte davantage l’attention, notamment la cabalette « Oh mio rimorso » qu’il conclut par un contre-ut aisé et tenu. C’est seulement à partir du bal chez Flora que le personnage gagne en consistance et en crédibilité, la scène où il « paye » Violetta tombée à terre en glissant des billets de banque dans son corsage et sous sa robe est tout à fait saisissante. Enfin, au trois, sa détresse devant la maladie et la mort de sa bien-aimée a des accents de sincérité qui ne manquent pas d’émouvoir.

Thomas Hampson, déjà présent lors des représentations salzbourgeoises de 2005 n’a rien perdu de sa prestance ni de son autorité. Son Germont se montre plus compatissant qu’autrefois, notamment lors de sa confrontation avec Violetta. Si le timbre n’a plus la rondeur qu’il avait jadis et si par moment la voix plafonne dans l’aigu, sa performance n’en demeure pas moins d’un très haut niveau.

Les personnages secondaires sont tous convaincants, citons l’omniprésent Docteur Grenvil de James Courtney et l’excellent Dwayne Croft dans le rôle épisodique du baron Douphol. La direction nerveuse et contrastée de Nicola Luisotti contribue grandement à la réussite de cette soirée.

Le samedi 25 mars, le Metropolitan Opera retransmettra Idomeneo de Mozart avec Matthiew Polenzani dans le rôle-titre.

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