Elza van den Heever, souffrante avait dû renoncer aux deux premières représentations de La Vestale à l’Opéra Bastille. Rétablie, elle a offert, ce dimanche 23 juin, une prestation remarquable. Si au premier acte, la cantatrice s’économise avec prudence afin de chauffer progressivement sa voix, elle nous offre un deuxième acte éblouissant. L’air redoutable « Toi que j’implore avec effroi » est incarné de façon magistrale, la soprano alterne, selon les séquences, d’impressionnants forte et d’ineffables demi-teintes, se jouant des difficultés de cette page avec une facilité déconcertante. La voix est à son zénith, le medium est nourri, l’aigu insolent. Spectaculaire est le duo qui suit, face à un Michael Spyres en grande forme. Enfin, la prière « Ô des infortunés déesse tutélaire » chantée tout en nuances avec une émotion contenue bouleverse l’assistance. L’ovation qui accueille la chanteuse à la fin de l’acte est à la mesure de sa prestation. Le troisième acte est à l’avenant.
Cependant, les virus qui traînent n’ont pas épargné Jean Teitgen qui a néanmoins joué son rôle avec un masque sur le visage, tandis que Nicolas Courjal, appelé à la rescousse, chantait la partie du Souverain Pontife à l’avant-scène. Les couleurs sombres de sa voix qui remplit sans difficulté tous l’espace, la profondeur de son registre grave et l’autorité avec laquelle il incarne ce personnage cruel ont conquis l’assistance qui l’a chaleureusement applaudi. Souhaitons à cet artiste exemplaire de revenir très vite sur une scène parisienne.
A partir de ce soir, en principe, c’est la distribution d’origine qui devrait se produire.