Le divin Mozart à Ambronay

Sous le titre Il divino Mozart, c’est tout un pan de la production sacrée du compositeur qui a été proposé vendredi 28 septembre à l’Abbatiale d’Ambronay, dans le cadre du festival qui lui consacrait trois soirées de suite (le Requiem a été donné samedi 29 et dimanche 30). Dans une première partie, des œuvres courtes, sorte de mise en oreille, font alterner des sonates d’église avec des morceaux vocaux (« Inter natos mulierum » K 72 et « Scande coeli limina » K 34), augmentés d’un « Salve Regina » de Johann Michael Haydn, avant les Litaniae lauretanae qui révèlent le timbre de velours du jeune ténor Luca Cervoni. La soprano Emanuela Galli dévoile un beau potentiel sonore mais se trouve à la peine dans les aigus, dont elle tente de compenser la faiblesse par une augmentation excessive du son dans le médium, d’où un début un peu strident. Les parties d’alto tenues par Lucia Napoli, moins sonores, sont d’autant plus nuancées et mettent en valeur des graves riches et chaleureux. Un bel échange vocal entre les deux voix féminines a lieu à l’occasion du « Kyrie eleison » des Litanies, mais une certaine raucité de la soprano réapparaît dans les Vêpres solennelles d’un confesseur (K 339) qui forment, avec une sonate d’église, la deuxième partie du concert. Les qualités de la basse généreuse de Christian Senn complètent un ensemble de bonne tenue. De manière générale, la tendance à une dramatisation excessive (par l’accentuation des effets vocaux) – et en ce sens les interventions du chœur sont parfois un peu brutales – gomme les nuances qui permettraient de mieux exprimer la palette des affects. Mais les musiciens font preuve d’une subtilité instrumentale qui confine à la grâce, sous la baguette de Giulio Prandi, et permettent ainsi au titre de la soirée de prendre tout son sens. [Fabrice Malkani]