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Le groupe Colorature nous a proposé pour la période de Pâques Le Docteur Miracle, une opérette (ou, selon les éditions, un opéra-comique) en un acte composée par Bizet à l’âge de 18 ans pour participer au concours organisé par Offenbach en 1856 : le futur auteur de Carmen y obtint le premier prix ex-æquo avec Charles Lecocq (La Péniche Opéra, en 1995, nous avait enchantés en présentant les deux œuvres conjointement). Mais comme il y avait du beau monde dans le jury (dont Auber, Thomas, Gounod et Massé), Bizet s’est amusé à les imiter un peu tous, ce qui fait que chacun pouvait s’y retrouver. On y apprécie un mélange de rêverie et de loufoquerie, un peu à la manière d’Hervé, et tout particulièrement le quatuor de l’omelette qui en est, avec les duos des bavardes, la pièce maîtresse faisant penser aux morceaux de bravoure de bien des œuvres futures d’Offenbach (Les Bavards, L’Île de Tulipatan avec le quatuor du canard et l’air des petites cuillers, ou Pomme d’Api avec le trio du gril). La troupe, tout en respectant la musicalité de l’œuvre, la tire avec brio du côté Branquignol, et elle a bien raison. Les rôles de composition sont désopilants, et le public de tout âge y trouve matière à rire de bon cœur, grâce à une mise en scène de Rv Dupuis-Slota diabolique de vivacité et de précision. Courez déguster ce succulent spectacle, qui n’engendre pas la mélancolie, lorsqu’il sera redonné à Avignon (Théâtre du Grand Pavois) du 6 au 28 juillet 2013, à 12 h 15 les jours pairs, en alternance avec Le Financier et le savetier d’Offenbach. [Jean-Marcel Humbert]
