Vaste entreprise que traiter du grand opéra, cette forme d’art lyrique née à la veille des Trois Glorieuses et disparue avec le Second Empire, grosso modo de La Muette de Portici en 1828 à Don Carlos en 1867. L’Opéra national de Paris propose jusqu’au 2 février 2020 une exposition sur le sujet. En cinq étapes, des prémices du genre à ses derniers avatars, des partitions, documents, tableaux, photos, maquettes, costumes, bandes sonores, en nombre mesuré, tentent de faire le tour d’une question plus complexe qu’il n’y paraît. Aligner quelques titres emblématiques – Guillaume Tell, Les Huguenots, Les Vêpres siciliennes… –, évoquer la salle Le Peletier où la majorité des ouvrages fut créée, digresser sur Tannhäuser ne suffit pas à prendre la mesure d’une école appelée à faire date. Irrigué par plusieurs courants – français pour la structure et la danse, italien pour la voix, allemand pour l’orchestre si l’on veut schématiser –, le grand opéra a de multiples implications artistiques, historiques et sociologiques. Son essor correspond à celui de la bourgeoisie française en un siècle de mutation profonde. Il aurait fallu pour l’expliquer un traitement d’une autre envergure. Dommage que le clou de l’exposition – la peinture par Camille Roqueplan de Raoul et Valentine au 4e acte des Huguenots, une toile prêtée par le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux – soit si mal éclairée. Dommage aussi d’attribuer le rôle de Valentine dans l’enregistrement des Huguenots dirigé par Richard Bonynge en 1970 à Joan Sutherland (la Stupenda chantait Marguerite de Navarre). Dommage de ne pas avoir vu plus grand pour présenter au public un genre dont l’intitulé pourtant n’invite pas à la demi-mesure.
* Le grand opéra, le spectacle de l’Histoire – 1828-1867
À droite, Valentine et Raoul ou une scène de la Saint Barthélémy, par Camille J. E. Roqueplan, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
© BnF/BmO