Si vous rêvez de visiter les musées et les églises d’Italie, éclairé par les opinions du plus grand pianiste du XIXe siècle, n’hésitez plus : les éditions Actes Sud viennent de publier l’équivalent d’un Guide Bleu qu’aurait pu écrire Franz Liszt. Evidemment, depuis 1838, les sites ont pu un peu changer, et l’itinéraire proposé ne s’aventure pas au sud de Rome. Evidemment, les avis de Franz Liszt sont presque exclusivement connus à travers ce que nous en dit sa compagne du moment, Marie d’Agoult. En effet, les Lettres d’un bachelier ès musique, signées Liszt, où sont décrites Venise, Gênes et Florence, ont été « en grande partie écrites par Marie d’Agoult avec l’assentiment – voire à la demande – de Liszt lui-même ». Pour le reste, Le Voyage-exil de Franz Liszt et Marie d’Agoult en Italie s’appuie largement sur les mémoires et le journal intime de la dame, la voix du compositeur n’étant entendue qu’à de rares moments, et le plus souvent transcrite par Marie (comme lorsqu’il annonce : « dans quatre ou cinq ans peut-être j’essayerai un opéra »). De toute manière, il n’est qu’indirectement question de musique dans l’ouvrage de Jean-Claude Menou, qui s’attache bien davantage aux œuvres et aux paysages qui ont pu inspirer Liszt pour ses Années de pèlerinage. Ce voyage italien n’aura pas débouché que sur de la musique pour piano, puisque c’est aussi au cours du périple que naquit une certaine Cosima, qui allait plus tard régner sur Bayreuth. Mais cela est une autre histoire…
Jean-Claude Menou, Le Voyage-exil de Franz Liszt et Marie d’Agoult en Italie, éditions Actes Sud, mars 2015. ISBN 978-2-04808-2, 288 pages, 23 euros.