Le 9 juin dernier, à la Cité de la Musique, Laurence Equilbey s’est offert un vrai luxe : une tête d’affiche qui chante moins de cinq minutes. Pour ce concert Mendelssohn donné par l’Ensemble orchestral de Paris et le chœur Accentus, Christus était au programme. Dans ces fragments de ce qui aurait dû être son troisième grand oratorio (une vingtaine de minutes de musique), Mendelssohn ne laisse guère de place aux solistes. Dans son dialogue avec le chœur qui exige la crucifixion, le ténor américain Robert Getchell montre quel bel Evangéliste il est d’ordinaire chez Bach. Quant à Sandrine Piau, après lui avoir fait pépier les trois phrases de récitatif qui précèdent le bref trio des Rois Mages, l’une des cantates données en complément de programme (« Von Himmel hoch, da komm’ ich her ») offre, outre deux interventions de baryton des plus oubliables, un air très court où des volutes de flûte et de clarinette s’enlacent à la voix de soprano. Alors, Sandrine Piau, un luxe ? Evidemment, par rapport à « Christus avec Robert Getchell et Markus Butter », la formule « un concert Mendelssohn avec Sandrine Piau » a le mérite d’attirer beaucoup plus le chaland ; pour le même concert à Rouen en mai, Julie Fuchs suffisait amplement, mais pour déplacer les Parisiens, il faut bien faire un peu les pieds au mur… [LB]