C’est un conte de Noël un peu différent de ceux qui ont bercé notre enfance, une histoire qui se passe aujourd’hui dans un des lieux les plus funestes de France et qui ouvre une parenthèse de paix et d’espoir dans un quotidien sombre. L’Ensemble Jubiléo a choisi d’interpréter Le Messie de Haendel au Centre Jules Ferry de Calais, sous un chapiteau spécialement dressé à quelques encablures de cet endroit surnommé « La jungle » où plusieurs milliers de migrants vivent dans des conditions particulièrement difficiles.
Samedi dernier, 19 décembre, pendant un peu plus d’une heure, quatre solistes, vingt musiciens et cinquante choristes, dirigés par Martin Lebel, ont ainsi joué pour les réfugiés une musique qu’ils n’avaient jamais entendue. Dans un compte rendu vibrant de vérité, l’envoyé spécial de Paris Match, Alfred de Montesquiou, décrit les réactions du public, la stupéfaction de ces femmes et de ces hommes venus d’Afghanistan ou de Syrie face à la puissance des voix lyriques, leur enthousiasme, les applaudissements qui « étouffent par moments » les interventions du récitant, l’acteur Michael Lonsdale.
Fondé en 2009 par la soprano Laurence Bénézit, l’ensemble Jubileo propose plusieurs fois par an des programmes de musique classique dans des lieux inhabituels – hopitaux, prisons… A Calais, malheureusement, le conte de Noël a pris fin prématurément. Face aux risques de bousculade en raison d’une trop grande affluence, un autre concert prévu le lendemain, dimanche 20 décembre, a été annulé. Avec le soutien d’associations comme le Secours Catholique-Caritas France ou la Vie active, très impliquées dans l’aide aux migrants, l’ensemble Jubileo prévoit cependant de revenir dans la « jungle » en 2016.