Dans ses pages Economie et entreprises , le journal Le Monde daté du 6 juillet 2023, revient sur un sujet déjà débattu dans ses colonnes : le modèle économique des maisons d’opéra en France. Le sujet donc déjà connu des annulations ou report d’ouvrages lyriques pour la saison 2023-24, est opportunément remis à l’ordre du jour par le syndicat « Les forces musicales » à l’occasion de l’ouverture du 75e festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence.
On rappelle les déboires que connaissent, à des degrés divers, les opéras de Rouen, Lyon, Lille, Montpellier et Nancy, contraints, qui à fermer momentanément ses portes, qui à rayer des ouvrages du programme. La faute essentiellement à un effet de ciseau : augmentation des coûts fixes (500 000 € supplémentaires à trouver à Nancy, dus au seul relèvement du point d’indice des fonctionnaires) et diminution des subventions. Or, ces subventions, limitées à 45% du budget total à l’Opéra de Paris, culminent à 80, voire 85% en province. L’intervention de la puissance publique, pour reprendre l’expression de Jean-Philippe Thiellay, directeur du Centre National de la Musique, « est consubstantielle du fonctionnement des opéras ». Selon lui, au vu des baisses drastiques de certaines subventions, la France pourrait connaître, comme en Italie ou aux Etats-Unis des fermetures de maisons d’opéra.
Il faut dire que l’opéra a du mal à se départir de son image élitiste, qui pousse nombre d’élus à réduire encore la part du budget de la culture accordée à l’opéra. A Lyon pourtant un spectateur sur quatre a moins de 29 ans et 83% ne vient qu’une fois dans l’année.
Les pistes de sortie de crise sont invariablement les mêmes : le mécénat peine à fonctionner en dehors de Paris et Aix-en-Provence , le partage des décors entre différentes maisons se met en place et les co-productions se multiplient.
La ministre de la culture, qui sera présente à Aix le 11 juillet, est aussi attendue sur la mise en œuvre des préconisations du rapport Sonrier(1) afin de « créer un cadre durable pour l’opéra ». L’urgence est là.
(1) Le rapport Sonrier, rédigé par la directrice de l’opéra de Lille, est force de nombreuses propositions pour « construire l’opéra du XXIe siècle ».