Intitulé Les Passions de Haendel, un concert-spectacle, agréablement mis en espace et en lumière se déroulait mercredi 28 janvier dans la Salle de l’Ancien conservatoire, haut-lieu parisien de la musique, édifié début XIXe, justement surnommé «le Stradivarius des salles » — et néanmoins peu connu du public.
Sous la direction dynamisante de son fondateur, le dansant et chantant chef d’orchestre Jean-Philippe Sarcos, l’orchestre de chambre Le Palais royal, joue avec entrain sur instruments d’époque. Il nous fait entendre un enchaînement d’extraits d’opéras et d’oratorios du compositeur saxon qui a su synthétiser avec son génie personnel tous les styles musicaux de son temps. Et, c’est avec une fougue juvénile endiablée que vont se succéder parties orchestrale, récitatifs, airs en solo, en duo, ou avec chœur (placé au centre du parterre). Aucun temps mort. Pas la moindre chance pour que se propage l’ennui sournois qui guette les spectateurs de concerts classiques, pas d’applaudissements intempestifs pour interrompre le flot musical.
L’air « Ombra mai fu » de Xerxès fait découvrir la voix fraiche de la jeune mezzo Charlotte Mercier ; elle esquissera ensuite Esther, puis Ariodante et la Médée vengeresse de Teseo, Daphné, et enfin Cléopâtre. Peu familier du répertoire haendélien, le baryton Clément Dionet commence par Zoroastre , le vieux mage d’Orlando avant de chanter Achillas de Giulio Cesare où il manque sensiblement de flamme dans « Tu sei il cor di questo cor ». L’air d’Appolo « Come rosa in su la spina », lui permet néanmoins de mettre en valeur un timbre chaud et une diction précise. Grâce au réglage effectué avec maestria par Tami Troman, les entrées et sorties se font de manière fluide et variée et les scènes en duo sont rendues assez vivantes. Sans qu’il s’agisse de costumes à proprement parler, quelques élément évocateurs suffisent à caractériser les personnages haendéliens. Toutes les musiciennes portent de vaporeuses étoles rouges ou jaunes d’or sur leurs tenues noires ; le plateau baigne dans une chaude lumière… Jean-Philippe Sarcos, chef à la gestique expressive qui tient haut et court sans les brider des instrumentistes de qualité, est un spectacle à lui seul. Et, bien que les voix ne correspondent pas aux exigences des rôles de César et Cléopâtre, c’est sur le finale entraînant de Giulio Cesare que se termine ce généreux concert Haendel.
Direction musicale : Jean- Philippe Sarcos – Mise en espace et violon solo : Tami Troman – Mezzo-soprano : Charlotte Mercier – Baryton : Clément Dionet – Salle de l’Ancien conservatoire, Paris – 28 janvier 2015