Succédant à Anna Netrebko dans Eugène Onéguine, Nicole Car effectuait ses début à l’Opéra de Paris hier soir, samedi 3 juin, au sein d’une équipe inchangée et désormais bien rodée à laquelle elle semble s’être intégrée sans difficulté apparente. Certes, la soprano australienne ne possède ni la splendeur du timbre ni l’ampleur vocale de son illustre collègue mais elle est parvenue à émouvoir le public grâce à d’autres atouts et non des moindres, à commencer par un physique juvénile qui fait d’elle une Tatiana tout à fait crédible dès le début de l’ouvrage et une aisance scénique agrémentée d’un jeu subtil qui captent durablement l’attention. Enfin la cantatrice dispose d’une voix claire et bien projetée couronnée par un aigu brillant, Seules les quelques notes graves que comporte la partition sont parfois couvertes par l’orchestre. Au rideau final, elle a paru très touchée par l’accueil chaleureux que lui a réservé le public.
A ses côtés, Peter Mattei lui a presque volé la vedette en proposant une prestation de haut vol, Si le baryton suédois accusait une légère fatigue le soir de la première, il a paru ce soir au mieux de sa forme : le timbre somptueux, le phrasé d’une élégance inouïe, l’interprétation d’une rare intelligence qui culmine dans un duo final hallucinant, font de lui l’un des Onéguine les plus aboutis de sa génération,
Autour d’eux, Elena Zaremba, Varduhi Abrahamyan et Alexander Tsymbalyuk campent leurs personnages avec conviction, Accordons une mention spéciale à la touchante Filipievna d’Hanna Schwartz et regrettons que l’accent français de Raúl Gimenez fasse de lui un Monsieur Triquet assez peu crédible en dépit d’un matériau vocal encore imposant. Quant à Pavel Černoch, il a paru plus à son affaire que le soir de la première dans le rôle de Lenski, son air a d’ailleurs été copieusement applaudi.
Les chœurs aussi impeccables dans cet ouvrage que la veille dans Rigoletto et l’Orchestre étaient placés sous la direction toujours mesurée d’Edward Gardner.