Pour cette reprise d’Aïda, l’Opéra de Paris a convoqué des distributions solides au sein desquelles on aura pu entendre deux des meilleures titulaires actuelles du rôle-titre. Si l’incarnation de Liudmyla Monastyrska n’est pas aussi raffinée que celle de Sondra Radvanovsky, la cantatrice dispose de plusieurs atouts dans son jeu, à commencer par une voix riche en harmoniques dont l’ampleur lui permet de remplir sans difficulté le grand vaisseau de Bastille, ce qui ne l’empêche pas de nuancer son chant lorsqu’il le faut. Le timbre est clair, l’aigu plein et onctueux, et le personnage attachant. L’ovation qui accueille la soprano ukrainienne au rideau final est amplement méritée.
A ses côtés, Marco Berti ne démérite pas. La puissance de sa voix n’a rien à envier à celle de sa partenaire et si l’aigu conclusif de « Celeste Aïda » est émis en force, l’ensemble de sa prestation n’appelle aucun reproche. Avec ces deux chanteurs, les amateurs de décibels auront été comblés. Face à eux, Daniela Barcellona parvient à camper une Amneris digne, à la ligne de chant sobre et élégante. A aucun moment, la mezzo-soprano italienne n’oublie qu’elle incarne une princesse amoureuse et non une virago. Sa grande scène au début du quatre est à la fois spectaculaire et émouvante. Vitaliy Bilyy n’est pas en reste Déjà remarqué dans Il Trovatore en mars dernier, ce baryton ne manque pas de qualités : un physique avenant, un timbre séduisant et homogène et une véritable présence scénique comme en témoigne sa grande scène avec Aïda au début du troisième acte, en tout point convaincante. Un nom à retenir. Enfin, Kwangchul Youn parvient à tirer son épingle du jeu en incarnant un Ramfis sombre et rigide. Au pupitre Daniel Oren propose une direction fluide et respectueuse des chanteurs. Belle prestation des chœurs longuement applaudis aux saluts finals.