Après avoir ouvert leur saison en septembre avec un concert consacré aux airs de Dassoucy, les « Inédits de la BNF » proposaient ce lundi 18 novembre, dans le Grand Salon de l’Arsenal, l’interprétation d’un autre manuscrit appartenant au fonds musical de la Bibliothèque nationale, en l’occurrence Enée et Didon, « cantate en concert » de Campra, autrement dit une cantate initialement écrite pour deux voix et basse continue, étoffée par le compositeur grâce à l’ajout de trois instruments (violon, hautbois et basson), et allongée par une ouverture empruntée à l’un de ses opéras, Aréthuse, et de quelques danses en guise de ballet final. Sous la direction de Louis-Noël Bestion de Camboulas, l’ensemble Les Surprises ouvrait son concert par l’exécution de ce mini-opéra. Venaient ensuite deux airs de cour signés Lully et Michel Lambert, mettant en avant les deux chanteurs qui collaborent régulièrement avec l’ensemble : la soprano Eugénie Lefebvre, dont la suite du programme allait donner l’occasion d’apprécier la virtuosité, et le baryton Etienne Bazola, aussi à l’aise dans l’expression de l’ardeur amoureuse que dans l’évocation des plaisirs de Bacchus. Deux autres compositeurs étaient plus particulièrement mis à l’honneur : Boismortier, avec notamment quelques pastorales alcooliques où le nom du berger Aminte rime avec « pinte », et surtout Rameau, avec de larges extraits d’Anacréon, réduits en vue d’une consommation domestique. En bis, le désormais inévitable « Forêts paisibles » des Indes galantes fut suivi de tambourins de Rebel et Francœur. On attend maintenant avec impatience les prochaines redécouvertes.
L’Amour et Bacchus, lundi 18 novembre 18h30, Arsenal, Eugénie Lefebvre, soprano, Etienne Bazola, baryton, Gabriel Ferry, violon, Xavier Miquel, hautbois et flûte, Lucile Tessier, flûte et basson, Juliette Guignard, viole de gambe, Louis-Noël Bestion de Camboulas, clavecin et direction musicale