Est-il vraiment judicieux de mettre en scène les madrigaux de Monteverdi ? Peut-être, mais ce n’est pas Canti d’amor, le spectacle proposé à l’Athénée par Wouter Van Looy, qui nous en convaincra. Dans un décor composé de rochers en papier alu et d’une boîte translucide permettant projections et ombres chinoises, on commence par nous raconter l’abandon d’Ariane par Thésée puis l’arrivée de Bacchus à Naxos, mais cet argument initial s’effiloche très vite et les pages les plus illustres de Monteverdi se succèdent avec une logique plus difficilement perceptible : tout y passe, « Ardo e sospir », « Interrotte speranze », le lamento d’Ariane bien sûr, et même « Pur ti miro, pur ti godo » du Couronnement de Poppée dont on sait bien qu’il n’est pas de Monteverdi. Entre deux plages musicales, une bande-son bruitiste nous transporte dans un tout autre univers, cependant que la douzaine de jeunes gens présents en scène exécute des gesticulations relevant plus ou moins de la danse. Pour les jeunes chanteurs du Muziektheater Transparant de l’université d’Anvers, il aurait peut-être été préférable d’interpréter ces madrigaux sans passer par cette théâtralisation superflue, car leurs voix souvent encore vertes sont cruellement mises à nu dans les solos et duos (et même les instrumentistes dirigés par Nicolas Achten semblent d’une justesse parfois bien aléatoire). L’ensemble vaut mieux que la somme des parties, toutefois, et il est toujours agréable d’entendre cette musique sublime, mais une simple version de concert aurait amplement suffi à notre bonheur.
Canti d’amor, madrigaux de Monteverdi, Athénée-Théâtre Louis-Jouvet, du 25 au 28 septembre