Les cinémas belges Kinépolis poursuivent leurs diffusions en direct des spectacles du Met de New York. Moment très attendu de la saison, les Meistersinger de Wagner n’ont pas déçu. Même s’il est permis de trouver la mise en scène d’Otto Schenk datée et peu mobile, les réalisateurs réussissent l’exploit de remplir de vie ce vieux cadre, grâce à un découpage pertinent et à des caméras très mobiles. Le principe même de l’opéra au cinéma prend ici tout son sens. Les chanteurs offrent globalement ce qui se fait de mieux dans le domaine wagnérien à l’heure actuelle. Passons rapidement sur un Pogner fatigué et souvent faux, le reste de la distribution est un sans-faute : qui aujourd’hui dispense la lumière d’Eva avec la grâce d’Annette Dasch ? Qui peut faire oublier l’embonpoint de son Walter par un chant dont le lyrisme emporte tout, sinon Johan Botha ? Le Beckmesser de Johannes Martin Kränzle est non seulement un ravissement vocal, mais il est hilarant dans toutes ses expressions scéniques. Appelé à remplacer au pied levé un James Morris malade, Michael Volle confirme qu’il est un Hans Sachs majeur de notre époque, chez qui l’onction et la sagesse n’empêchent pas la vitalité. Les hésitations d’Eva n’ont jamais paru si crédibles. Grand triomphateur de la soirée, James Levine fait crépiter son orchestre. Entendre un tel feu d’artifice provoqué par un artiste aussi diminué physiquement relève du prodige. On dit que la foi déplace les montagnes. La musique fait mieux.