Le 18 décembre dernier, près de 120 ans après leur béatification par Pie X, le Pape François a canonisé les seize Carmélites de Compiègne. Accusées de comploter contre la Révolution, elles avaient été décapitées place de la Nation le 17 juillet 1794. Dans la pièce de Bernanos qui inspira à Poulenc ses Dialogues des carmélites, sœur Blanche de l’Agonie du Christ demande à sœur Constance : « Vous n’avez jamais craint la mort ? ». Et celle-ci de répondre : « Je ne crois pas… Si, peut-être… il y a très longtemps, lorsque je ne savais pas ce que c’était ». Et de fait, les religieuses de Compiègne sont, depuis, devenues symbole de fidélité à la foi face à une mort violente centaine. Lors de leur béatification en 1906, elles avaient d’ailleurs été reconnues martyres in odium fidei (en haine de la foi). La pièce de Bernanos et l’opéra de Poulenc sont à cet égard fidèles puisque toute la fin de l’œuvre s’articule autour du thème de la liberté face à la perspective d’une mort en martyre. On ne sait en revanche si les sœurs entonnèrent réellement les psaumes que Poulenc et Bernanos leurs prêtent en toute fin d’œuvre, au moment de monter sur l’échafaud : « Deo Patri sit gloria/Et Filio qui a mortuis/Surrexit ac Paraclito/In saeculorum saecula ».
La canonisation a été accordée à la demande des Évêques de France, au terme d’une procédure simplifiée appelée « canonisation équipollente ». Alors que la canonisation ordinaire nécessite la reconnaissance d’un miracle, la canonisation équipollente permet une simple déclaration de sainteté par le Pape, sans enquête ni cérémonie particulières.