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Les sopranos face au confinement – Episode 1

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Brève
23 mars 2020
Les sopranos face au confinement – Episode 1

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Alors que le monde est chamboulé par ce virus hargneux, la vie continue pour les artistes. Nous avons recueilli quelques mots de certaines des grandes sopranos de notre temps que nous vous livrerons au fur et à mesure.


 

Lisette Oropesa : « Mes deux représentations au Met on été annulées ainsi que trois à Munich et deux concerts en Europe. J’espère queTraviata de Madrid sera maintenue. Je suis désormais chez moi, pour un mois au minimum, et j’apprends de nouveaux rôles. J’essaie également de faire des économies au cas où de futures annulations seraient à venir. Je fais en sorte de tirer le meilleur parti de cette situation vraiment inquiétante… l’avenir est très incertain. Je me tiens près de mes collègues et amis. Nous sommes tous dans le même bateau mais certains sont dans une situation plus grave … »

Nadine Sierra : « Je suis actuellement à Valencia en Espagne avec mon fiancé et sa famille. Nous sommes partis de Bordeaux après que la dernière représentation de Roméo et Juliette a été supprimée. Je suis censée faire ma première Traviata en mai à Madrid (mais je crains que ce soit annulé). J’occupe mes journées en me relaxant, en écoutant de la musique, en faisant du sport, en récupérant des heures de sommeil et surtout, j’essaie de rester positive. Je pense et j’espère que nous allons surmonter cette épreuve tous ensemble et former une communauté meilleure que ce qu’on avait avant que le virus se répande. Nous devons être patients et courageux en ces moments difficiles. »

Vannina Santoni : « Je suis chez moi en Touraine et je profite de mes journées pour passer du temps avec ma famille, notamment avec mon fils. J’essaie de tourner cette situation à mon avantage. J’aime la nature alors je profite aussi de mon jardin car j’ai la grande chance d’habiter à la campagne. Je prends du temps pour méditer et prendre le repos nécessaire que je n’ai pas eu le temps d’avoir depuis très longtemps. J’aurais dû avoir deux concerts de Roméo et Juliette à Montpellier et Paris ainsi qu’une émission télé. J’avais prévu d’apprendre des rôles pendant le mois d’avril donc je profite de ces deux semaines de mars pour être avec mon fils. Je lui fais la classe, on fait des jeux, on s’amuse avec notre chien… et après ces moments je me remettrai à étudier des rôles. Par ailleurs, j’ai signé une lettre ouverte des artistiques lyriques de France car il est important de se faire remarquer auprès du gouvernement le plus rapidement possible. Le métier d’artiste en France, sous le statut « d’intermittent du spectacle », est méconnu et parfois dévalorisé. Aux yeux de la loi nous sommes quasi inexistants. Nous avons eu des remarques (et c’est malheureux) de la part d’autres intermittents nous faisant remarquer que nous autres chanteurs lyriques n’étions pas les seuls dans cette situation difficile. Nous ne l’avons jamais sous-entendu et je trouve que c’est assez inopportun de se livrer à un concours d’ego afin de savoir qui est le moins bien loti. De plus, nous ne pouvons pas nous faire porte-parole de l’ensemble des métiers artistiques. L’organisation pour réunir un grand nombre de chanteurs est déjà très compliquée et nous ne sommes pas syndiqués ! Pour ma part je ne suis pas d’une nature inquiète. Je suis optimiste par fatalisme. Les choses qui arrivent doivent arriver. Alors je prends cette situation telle qu’elle est et je garde à l’esprit que je ne fais pas partie des plus malheureux. Cependant, j’ai bien conscience que cette situation peut être catastrophique pour certains d’entre nous et peut le devenir aussi pour moi si elle perdure… Un de mes amis chanteur s’est vu supprimer ses productions jusqu’en mai et n’a pas d’autre contrat jusqu’en janvier. S’il n’est pas indemnisé pour cette période de travail supprimé, il n’aura donc pas de revenu jusqu’en janvier.  Si nous gagnons bien notre vie, c’est aussi pour pouvoir combler les périodes sans travail. Nous avons aussi les à côtés à payer : quand nous sommes en production, nous devons payer deux loyers (notre résidence principale et l’appartement loué pour la production). C’est à nos frais, ainsi que la nourriture. Pour ma part, j’ai eu deux concerts supprimés et je ne sais ce qu’il en est de la production de Traviata en juin à Saint-Etienne. Et quid des concerts de juillet ? personne ne sait ce qu’il va se passer. Ce qui est certain c’est qu’il faut être solidaire à tout point de vue, il est important de ne pas se diviser. Pour le moment j’ai la chance de pouvoir subsister financièrement encore deux ou trois mois mais on s’interroge sur la situation financière des théâtres que la crise aura engendrée pour la saison prochaine (coupes budgétaires etc.). J’estime que nous devrions être indemnisés pour les spectacles annulés, sans toucher notre cachet global pour autant. C’est au gouvernement de sauver la culture et les théâtres ! » 

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Nadine Sierra © Merri Cyr -  Lisette Oropesa © Steven Harris - Vannina Santoni © Capucine de Chocqueuse

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