Thierry Fouquet donnait hier son pot de départ de l’Opéra de Bordeaux, où il a officié pendant vingt ans – une longévité remarquable au royaume des maisons d’opéra. La succession a été dûment préparée par un concours de recrutement à plusieurs tours qui vit entrer en lice des dizaines de candidats. L’heureux élu, on le sait, fut Marc Minkowski.
C’est là que tout se complique. Selon nos informations, la saison concoctée par le chef français (avec, pour une bonne part, les ingrédients laissés par Thierry Fouquet) n’a pas eu l’heur de plaire à la mairie de Bordeaux ; elle aurait été plusieurs fois retoquée pour des raisons notamment budgétaires, au moment où la mairie a réduit ses concours d’un million d’euros. Le climat n’a alors cessé de se dégrader. Si bien que la mairie a fait savoir officiellement que pour remplacer la directrice financière, qui quitte également ses fonctions, elle cherche quelqu’un « qui ait des compétences en matière administrative, financière et relations humaines et qui soit également en complicité artistique avec Marc Minkovski ». Autrement dit : un directeur bis !
Dès lors, les frictions que tous redoutaient entre Paul Daniel, le directeur musical, et Marc Minkovski, directeur mais surtout chef d’orchestre, pourraient bien se doubler de tensions entre ce directeur bis soutenu par la mairie et le directeur. Plusieurs personnes auraient été approchées mais pour l’heure tout semble bloqué. Certains affirment en coulisses que le mieux serait que Marc Minkowski démissionne pour qu’un nouveau concours ait lieu. D’autres soulignent la nécessité impérieuse de ne pas se passer du talent de Minkowski, mais de lui offrir du renfort sur les sujets d’intendance qu’il maîtrise moins. Espérons qu’une solution sera trouvée avant que le robuste Bordeaux produit par le Château-Fouquet ne tourne à l’amère potion.