Les 19 et 20 décembre, dans le cadre de ses « Convergences », l’Opéra de Paris a rendu hommage à un grand compositeur français mort trop tôt : Lili Boulanger (1893-1918), petite sœur de Nadia, fauchée par la maladie de Crohn le même mois que Debussy. Après avoir été en 1913 la première femme à remporter le Prix de Rome, avec la cantate Faust et Hélène, la petite sœur de Nadia Boulanger composa tant qu’elle en eut la force, et le concert proposé deux soirs de suite à l’Amphithéatre Bastille nous donnait à entendre quelques-unes de ses ultimes compositions. L’ensemble Les Cris de Paris, dirigé par Benoît Jourdain, interpréta seul le chœur Pendant la tempête, remontant à 1912, avant d’être rejoint par le baryton Florian Sempey dans Pour les funérailles d’un soldat, sur un texte de Musset. Autre brillant ex-élève de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, Cyrille Dubois donna ensuite l’intégralité du très exigeant cycle de mélodies Clairières dans le ciel, sur des poèmes de Francis Jammes, avec un raffinement de nuances qui force l’admiration. Après l’entracte, la contralto Yael Raanan-Vandor, au timbre rare, chanta l’ultime mélodie de Lili Boulanger, l’émouvant Dans l’immense tristesse (1916), avant de se joindre aux Cris de Paris pour le De Profundis (1914-1917), ambitieuse composition inspirée par le Psaume 130. Au terme de ce parcours, la pianiste Anne Le Bozec fut chaleureusement applaudie pour le soutien qu’elle apporta aux chanteurs tout au long de ce concert. Avec Lili Boulanger, ce n’est pas une femme-compositrice que l’Opéra de Paris honorait, mais un grand compositeur français, tout simplement.
Lili Boulanger, De Profundis, les mardi 19 et mercredi 20 novembre à l’Amphi Bastille.