Ce n’est un secret pour aucun lyricomane : le confort d’un bon siège compte beaucoup dans l’appréciation d’une soirée d’opéra. C’est sans doute pourquoi les spectateurs du poulailler sont généralement plus agressifs que ceux du parterre. La sortie du confinement n’arrange pas les choses : après plusieurs mois de canapé, il est difficile de se résoudre à regagner des sièges étroits, mal rembourrés, dont les accoudoirs vous rentrent dans les avant-bras. A San Francisco, on ne prend pas la chose à la légère (si j’ose dire). Le poids de l’américain moyen est en effet passé de 65 kilogrammes dans les années 30, à 90 aujourd’hui (la taille moyenne variant assez peu, de 173 à 175 cm). La qualité des fauteuils est ainsi un facteur d’insatisfaction régulièrement exprimé par les spectateurs. L’ensemble des sièges a donc été remplacé au terme d’un programme trisannuel qui vient de s’achever avec l’ouverture de la nouvelle saison. A l’été 2013, ceux des loges ont été changés. En 2015, de nouveaux fauteuils ont été installés au Balcony et au Balcony Circle. A quelque chose, malheur est bon : la fermeture forcée pour cause de COVID a permis de terminer le remplacement dans le reste de la salle (Orchestra, Grand Tier et Dress Circle). L’opéra a mis en ligne une vidéo des travaux en accéléré.
Les nouveaux fauteuils sont fournis par la société Ducharme Seating de Montréal. Le design s’inspire des fauteuils originaux, mais les nouveaux dispositifs offrent davantage de places pour les jambes, une meilleure vue de la scène… et aussi un emplacement pour poser un gobelet (et pourquoi pas des chips pendant qu’on y est ?) : on pourra donc s’attendre à des « Slurrrrp » entre deux verres de soda et deux vers de « Casta Diva ». Les accoudoirs sont réduits pour élargir l’assise et les coussins et dossiers apportent un soutien dorsal et fessier. Pour les plus de 130 kilos, des bariatric seatings de 71 cm de large sont proposés à l’orchestre et au Dress Circle. L’accessibilité handicapé a également été améliorée. L’arrière des fauteuils est recouvert de bois : les nouveaux sièges améliorent ainsi l’acoustique (qui est d’ailleurs plutôt bonne pour un théâtre d’environ 3.300 places, dont 4% seront perdues après travaux). Les travaux ont été financés par une surtaxe sur les billets, de 1 à 3$, entre 2013 et 2014 (le montant global n’est pas encore connu mais tournerait autour de 5 millions de dollars).
