Si la construction de mosquées fait grincer certaines dents en France, celle d’opéras en terre arabo-musulmane n’est pas sans générer de remous. Ainsi, la création en 2011 du Royal Opera House Muscat (ROHM) à Oman a soulevé des débats sur les risques que présentait la diffusion de la culture occidentale au cœur du Moyen Orient. En fervent partisan de la musique et de la paix, le Sultan Qaboos avait alors affirmé sa décision d’abriter sous un même toit des initiatives musicales de diverses origines.
Les attentats du 13 novembre à Paris n’ont pas ébranlé cette volonté d’œcuménisme culturel. Au contraire, le ROHM se positionne plus que jamais comme un lieu d’accueil des arts du spectacle de toutes les traditions. Du propre aveu de l’institution lyrique omanaise, le choix de Turandot pour ouvrir la nouvelle saison lyrique participe à ce souhait de consolider les liens culturels entre les différentes nations. Fruit de trois siècles d’art lyrique européen, l’opéra de Puccini raconte une histoire digne des Mille et une nuits et son « message de l’amour bienveillant, du sacrifice et du courage » entre en résonance avec les valeurs prônées par le Sultan Qaabos.
Le chercheur Ferass Al Tubi nous rappelle qu’au cours de ces 45 dernières années, Oman a subi « une transformation importante et rapide en passant d’une société tribale fermée à un modèle moderne basé sur l’économie, l’éducation et la culture. Dans les années à venir, le ROHM permettra de transformer la scène culturelle non seulement à Oman, mais dans la région, ouvrant de nouvelles opportunités pour les jeunes artistes locaux comme internationaux. ». Dans ce contexte, l’opéra est envisagé comme un vecteur de paix mondiale. Utopie ? Peut-être mais on a tellement envie d’y croire.