Dans la conférence de presse organisée ce matin, la direction de l’Opera National de Paris a fait le point sur la programmation en cours et à venir et sur la situation économique et financière de l’institution au cœur de cette période pétrie d’incertitudes.
Après avoir rappelé son « arrivée précipitée » aux commandes de l’ONP, et de « sa grande motivation à réussir » en dépit des circonstances difficiles, Alexander Neef a salué la capacité de l’institution à s’adapter et se réinventer malgré l’annulation de 145 représentations en 2020. Le maintien des équipes artistiques dans leur fonction ainsi qu’un dépistage hebdomadaire du personnel et le port du masque obligatoire, ont permis de poursuivre les répétitions des productions en cours (Traviata et Carmen) et à maintenir la programmation du Ring, en version concert. Ce dernier sera d’ailleurs diffusé en direct sur France Musique, mais sans captation vidéo, à l’exception de quelques prises de vue réalisées pour les besoins d’un documentaire qui sera proposé sur la nouvelle plateforme numérique en cours d’élaboration. A cet égard, Alexander Neef a souligné l’importance de ce Ring en ce qu’il marque la fin du mandat de Philippe Jordan, en qualité de Directeur Musical. Il a précisé d’ailleurs que les négociations avec le successeur de ce dernier sont déjà bien avancées, et que sa nomination pourra être annoncée « dans les semaines à venir ». En outre, une série de récitals a été ajouté à la programmation initiale et se dérouleront au Palais Garnier : Marianne Crébassa le 5 décembre, Julie Fuchs le 18 décembre, et Les Arts Florissants les 21 et 22 décembre 2020. A également été annoncée une mission d’audit confiée à de Hauts Fonctionnaires portant sur la diversité au sein de l’ONP, un sujet « au coeur des des préoccupations actuelles » de l’institution.
Martin Ajdari, Directeur Général adjoint, a quant à lui exposé que les circonstances exceptionnelles obligent l’ONP à rechercher un nouveau modèle économique et que celui-ci passe désormais essentiellement par la diffusion numérique. A cet égard, l’institution en est au stade du « learn and test », selon l’expression employée, après le succès du Facebook Live ballet du 13 décembre 2020, à l’accès payant (4.49 euros) qui a suscité plus de 5000 connections. Une plateforme numérique, dont la dénomination provisoire est « L’Opéra chez soi », devrait être fonctionnelle à compter de mi-décembre. Toutefois, cette formule dépendant de partenaires (notamment des chaînes de télévision) qui mettent à disposition leurs canaux, l’ONP souhaiterait à terme une formule dont il aurait l’entière maitrise. L’objectif énoncé est de toucher l’ensemble du public français et capter un public non accoutumé des salles. Pour ce faire, il convient, selon Martin Ajdari, d’élaborer un nouveau modèle économique pour valoriser les productions maisons et répondre ainsi à la crainte de la dévalorisation de celles-ci par une diffusion exclusivement gratuite. L’idée développée serait un accès gratuit mais avec certaines prestations payantes.
Après avoir rappelé que l’ONP représente 900 000 spectateurs par an, 37 productions, au budget de 230 Millions d’euros l’an, dont 59% en ressources propres, Martin Ajdari indique toutefois que lesdites ressources propres ont atteint leur limite compte tenu du prix déjà élevé des billets et du plafonnement du mécénat. Eu égard à la perte de 50 millions d’euros sur l’année 2020, un plan de relance de 81 millions d’euros a été arrêté au bénéfice de L’ONP et se déclinant comme suit : 20 millions d’euros consacrés au projet d’aménagement (et notamment aux travaux de la salle modulable) et 61 millions d’euros à répartir sur les trois prochaines années. Cette dotation exceptionnelle ne couvrira toutefois pas la totalité des pertes, d’où l’impérieuse nécessité, rappelle Martin Ajdari, de mettre en œuvre un modèle économique qui répond tant aux impératifs financiers qu’à l’évolution accélérée de la société face aux évènements imprévisibles de notre temps.