Ce 2 avril à la Philharmonie de Paris, Daniele Gatti à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris a pu exposer sa conception du héros à travers deux œuvres du postromantisme allemand : des pages orchestrales du Crépuscule des Dieux de R. Wagner et le poème symphonique de R. Strauss Ein Heldenleben, sorte d’autoportrait du compositeur héroïque. L’excellence wagnérienne de l’orchestre (avec des musiciens que nous sommes contents de retrouver en dehors de leur fosse habituelle) déjà remarquée en d’autres soirées grâce au travail réalisé avec Philippe Jordan (et leurs deux Ring), s’est donc confirmée à la Philharmonie, même si certains partis pris du futur chef principal de la Sächsische Staatskapelle de Dresde (en septembre 2024) ont pu parfois surprendre. Avec un Lever du Jour rayonnant, puis un Voyage de Siegfried ne manquant pas d’alacrité sous la baguette du chef italien, l’univers de cette troisième journée du Ring revivait en une vaste fresque peut-être plus dramatique (et fuligineuse) que coloriste. La Mort de Siegfried et sa fameuse Marche funèbre, avec quelques phrases quelque peu étirées, exprimaient ensuite la sombre beauté solennelle et la puissance attendues. Mais d’une façon générale pour cette première partie du concert, un certain brouillage des plans sonores donnait l’impression (du parterre) d’un certain recouvrement des sonorités des cordes et des bois par les cuivres. Après l’entracte Richard Strauss fut ensuite bien servi, la direction de Daniele Gatti donnant moins l’impression que l’assise grave de l’orchestre dominait.
De retour en ses murs pour la suite de la saison, l’Orchestre de l’Opéra de Paris se mesurera à un programme éclectique. C’est William Christie qui le dirigera dès le 10 avril dans la Médée de Marc-Antoine Charpentier. Dans la mise en scène de David Mc Vicar, le public retrouvera Léa Desandre et Reinoud Van Mechelen. Le rare Don Quichotte de Jules Massenet suivra dès le 10 mai avec Gaëlle Arquez et Christian van Horn, sous la direction d’une équipe formée par le chef Mikhail Tatarnikov et Damiano Michieletto pour la scène. Au même moment, une Salomé straussienne incarnée par Lise Davidsen débutera le 9 mai (dirigée par Mark Wigglesworth dans la mise en scène de Lydier Steier huée en 2022), un chef-d’œuvre qui permettra à l’orchestre de montrer toute sa puissance expressive. Un tendre et caustique Mozart leur donnera l’occasion de briller en juin 2024 des mille feux du génie salzbourgeois du Siècle des Lumières avec Cosi fan Tutte.