Depuis la légendaire production milanaise montée par Patrice Chéreau en 1984, Lucio Silla a acquis droit de cité parmi les œuvres de jeunesse de Mozart, et on a pu voir et revoir cet opera seria, notamment à Rennes et Bordeaux il n’y a pas si longtemps. Oui, mais voilà, comme toujours au XVIIIe siècle, quand un sujet d’opéra était bon, il inspirait forcément plusieurs compositeurs. Et il existe un opéra homonyme de Haendel, dont on sait assez peu de choses. Bien sûr, le livret n’est pas le même que celui que Mozart mit en musique, écrit spécialement pour lui en 1772, et repris ensuite par Anfossi et Jean-Chrétien Bach. Haendel a travaillé en 1713 sur un texte dû à Giacomo Rossi, à qui il devait déjà celui de Rinaldo. Ce Silla ou Lucio Cornelio Silla aurait sans doute réutilisé la machinerie fabriquée pour Rinaldo, mais il ne fut peut-être donné que pour une représentation privée, à Burlington House. On n’en connaît que des manuscrits incomplets, et la musique en fut vite recyclée par Haendel dans Amadigi (1715). L’œuvre, qui ne court pas les rues, a été enregistrée en live à Londres en 2000, avec James Bowman dans le rôle-titre ; elle vient d’être donnée cet été au festival Haendel de Halle, avec Filippo Mineccia en Silla. Il y a une dizaine d’années, Fabio Biondi en avait déjà proposé en concert sa propre reconstitution, qu’il reprend ce mois de décembre à Valence, en version scénique cette fois. A Benedetta Mazzucato, Adriana Di Paola et Nozomi Kato reviennent la lourde charge de succéder à Marina de Liso, Sonia Prina et Sandrine Piau, protagonistes du concert donné en 2004.
Silla, mise en scène Alessandra Premoli, direction musicale Fabio Biondi, du 12 au 21 décembre, Palau de les Arts, Valence.