La Mairie de Lyon a décidé de diminuer de 500 000 euros la subvention de 7,5 millions d’euros que la ville verse annuellement à l’Opéra de Lyon. On le sait, Lyon est dirigée depuis les dernières municipales par un maire écologiste, Grégory Doucet, qui a choisi pour adjointe à la culture Nathalie Perrin-Gilbert, proche de La France Insoumise. La tentation est forte de prêter à ce geste une visée davantage politique qu’économique. La droite locale, par la voix de son leader, Etienne Blanc, n’a pas manqué de saisir cette occasion : « En supprimant 500 000 euros du budget de l’Opéra, pilier des institutions culturelles lyonnaises, c’est un premier pas vers l’idéologie des verts et de l’extrême-gauche en matière culturelle et une participation à l’affaiblissement de Lyon. »
Il est vrai que l’adjointe à la culture, elle non plus, ne mâche pas ses mots : « J’ai rééquilibré une politique culturelle fossilisée. En coulisses, on entendait les précédents adjoints à la culture expliquer que les institutions comme l’Opéra mangeaient tout le budget et qu’ils ne pouvaient rien faire. Moi, je fais des arbitrages et je les assume. » On conviendra qu’assimiler de la sorte la maison dirigée par Serge Dorny à un fossile équivaut à tendre des verges pour se faire battre…
Le directeur de l’Opéra de Lyon quant à lui s’exprimant dans le quotidien Le Progrès du 4 mars voit lui aussi dans cette décision un geste politique : « L’adjointe à la culture justifie cette baisse en faveur de « l’accompagnement de la création et de l’émergence », alors qu’en retirant 500 000 euros à l’Opéra de Lyon, elle supprime une part de création et d’émergence au lyrique, au chorégraphique et aux musiques transversales de notre institution. Sur le plan de la politique culturelle, nous ne pouvons que nous inquiéter de l’idéologie anti-opéra que semble sous-tendre cette décision ».
Mme Perrin-Gilbert fait valoir que « malgré cette baisse de 500 000 euros – qui représente moins de 3 % de l’aide de la Ville, l’Opéra garde de très belles marges de manœuvre pour faire de très belles choses. Je lui fais confiance. » Ce pourcentage, 3%, ne s’explique que si l’on prend en compte l’ensemble des prestations (dotations en personnel et en locaux) accordées à l’Opéra.
Nul doute que cette polémique sera inscrite au menu du conseil municipal du 25 mars, qui offrira l’occasion d’éclaircir les choix culturels de la nouvelle équipe. Il est juste de rappeler qu’à Lyon le budget de la culture est considérable puisqu’il s’élève à 120 millions d’euros (c’est le deuxième en valeur derrière celui de l’éducation). Et qu’à un moment où le montant des budgets ne peut être augmenté, il est difficile d’en modifier la répartition. Mais, si le demi-million manquera à l’Opéra, on peut penser qu’il ne permettra qu’un saupoudrage en direction des institutions plus modestes que la nouvelle municipalité veut aider.