Le Palais des Beaux Arts de Bruxelles a imaginé, sous le titre Bach Heritage, un mini festival autour de la musique du cantor et de quelques uns de ceux qu’elle a inspiré. C’est dans ce cadre heureux que fut donnée jeudi dernier la Messe en Si, par le Collegium Vocale de Gand et une brochette de solistes conduits par Philippe Herreweghe.
Magistralement dirigée, l’œuvre révèle, sous l’impulsion du chef gantois, à la fois les ors et la force de sa solide structure et le charme très humain des mille et uns détails qui l’animent, comme autant d’humbles ornements qu’aurait placés la nature sur les robustes colonnes d’un temple. Si la battue du chef reste un mystère pour beaucoup (mais visiblement pas pour ses musiciens, d’une remarquable précision…), on ne peut qu’admirer la souplesse continue de sa ligne musicale, la variété et la justesse des intentions, le raffinement des détails sans jamais perdre ni l’unité, ni l’énergie, ni la grandeur, ni le sens global de l’œuvre.
En petite formation (18 chanteurs solistes inclus) pour une salle si vaste et une œuvre de si grande ampleur, les chanteurs semblent parfois un peu perdus derrière l’orchestre et l’oreille du spectateur doit aller chercher les détails d’exécution de ceux des solistes dont la voix pourrait paraître manquer de puissance. Ainsi, la basse Peter Kooij dont le timbre, aujourd’hui un peu éteint, faiblit dans le grave et peine à passer au dessus du cor et des bassons dans le Quoniam, ou encore la seconde soprano Hana Blazikova, à la voix pourtant délicieuse mais peu puissante. Très justement applaudi du public, Damien Guillon (contre-ténor) chante le célèbre Agnus Dei avec une poignante sobriété, faisant ressortir le caractère universel et le pouvoir émotionnel de cette partition d’exception.
Jean-Sébastien Bach, Messe en si. Dorothee Mields, Hana Blazikova, Damien Guillon, Thomas Hobbs, Peter Kooij, Collegium Vocale Gent. Direction musicale : Philippe Herreweghe. Bruxelles, Palais des Beaux Arts, le 22 octobre 2015, 20h.