Des images diffusées par la presse aux photos insérées dans des ouvrages biographiques, des nombreux documentaires télévisés aux rares captations filmées, on pensait avoir tout vu de la Callas. Et voilà qu’un jeune inconnu, Tom Volf, fasciné par la cantatrice, parvient au terme d’un incroyable jeu de piste à exhumer un nombre considérable d’inédits visuels, sonores et écrits. De cette somme, que faire ? Révéler la femme derrière la chanteuse, donner à comprendre intimement une vérité que le mythe entretenu par de discutables témoignages – biographies, films, pièces de théâtre… – a fini par déformer, bref laisser Maria expliquer Callas, et inversement. Comment ? Au moyen de trois livres*, d’une exposition jusqu’au 14 décembre à La Seine musicale et d’un film, Maria by Callas, en salle demain 13 décembre, où se succèdent chronologiquement, plus ou moins bien enchainées, ces émouvantes archives qu’on a eu la mauvaise idée de souvent coloriser (sans doute animé par la volonté de coller au plus près la réalité – l’enfer est pavé de bonnes intentions). Une interview, elle aussi inédite, de la soprano par David Frost réalisée en 1970, rythme le défilé d’images. « Vissi d’arte, vissi d’amore » chante Tosca mais, en s’attardant longuement sur la relation entre Callas et Onassis, l’amour prend rapidement le pas sur l’art. Quelques légendes sommaires, des villes, des années servent de repères à condition d’avoir en tête les principaux jalons d’un parcours bref mais intense. D’où la question de savoir à qui s’adresse ce film. Au grand public ? En l’absence de commentaires biographiques, le néophyte sera rapidement submergé par le flot d’extraits visuels et sonores. Aux mélomanes ? En l’absence d’analyse sur l’art unique de Maria Callas, l’amateur d’opéra n’apprendra rien de plus que ce qu’il sait déjà. Pour qui alors ?
* Maria by Callas (Editions Assouline) ; Callas confidential (Editions de la Martinière) ; Lettres et mémoires inachevées (Editions Fayard)