Au moment historique où une marée humaine envahit Paris et les villes de province, la mezzo norvégienne chante l’Ariadne auf Naxos de Haydn, dans sa version orchestrée par Ernst Frank, accompagnée par Anima Aeterna sous la baguette de Jos van Immerseel. La cantate dramatique, trop rarement programmée, d’une force extraordinaire, est ici servie par une voix chaude, longue et puissante, remarquablement projetée, modelée à souhait, qui permet d’en révéler toutes les facettes, de la plainte désespérée à la révolte finale. Le naturel, l’aisance avec laquelle cette œuvre vocalement et dramatiquement exigeante est chantée sont fascinants. Du « Dove sei mio bel tesoro », si proche du « Dove sono » de la Comtesse, au « Misera abbandonata » révolté, c’est un constant bonheur. Pourquoi Marianne Beate-Kielland, cette merveilleuse interprète qui déjà tant donné, n’apparaît-elle pas plus fréquemment dans notre pays ?