On le sait, l’Opéra de Paris a décidé de mettre au placard la production du Barbier de Séville due à Coline Serreau, en lieu et place de laquelle sera proposée en septembre prochain une de ces « Nouvelles Productions » qui n’en sont pas, puisque le spectacle mis en scène par Damiano Michieletto a été créé à Genève et est déjà passé par l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne. Mais après tout, les mélomanes stéphanois ne feront pas forcément le déplacement jusqu’à Paris, donc cet importation peut se justifier. Quant à celle qui sera l’héroïne des représentations parisiennes, Marina Comparato, les hasards de l’industrie du disque nous font justement parvenir un disque consacré à Pauline Viardot (Vivica Genaux aussi s’intéresse beaucoup à la cadette des sœurs Garcia en ce moment). Et à l’écoute, on s’inquiète un peu. Que la première moitié du programme ne soit guère palpitante, on pouvait s’y attendre. Les arrangements pour voix et piano des mazurkas de Chopin sont aimables, mais on préfère Viardot lorsqu’elle compose vraiment : les dix pièces de l’Album de chant pour 1850 méritent une écoute bien plus attentive. Non, le problème, c’est ici la voix de la mezzo italienne, qui paraît prématurément fatiguée, avec un grave sourd et des aigus vacillants. Malaise passager ? On le saura à la rentrée prochaine à l’Opéra-Bastille…
Pauline Viardot, Chopin Mazurkas and other Songs. Marina Comparato, mezzo, Elsa Triuli, piano (+ Serena Rubini, soprano, pour deux plages), 1 CD Brilliant Classics 94615, 79’38