–
Il y a un an mourait Dietrich Fischer-Dieskau. Le 29 mai, un de ses meilleurs disciples lui rendait indirectement hommage et s’inscrivait plus que jamais dans sa descendance : Salle Pleyel, avec l’Orchestre de Paris dirigé par Christoph Eschenbach qui donnait en deuxième partie de soirée la Cinquième symphonie de Tchaïkovski, Matthias Görne interprétait, près d’un demi-siècle après sa création par DFD en personne, la Gesangsszene pour pour baryton et orchestre de Karl Amadeus Hartmann (1905-1963). Auteur notamment de l’opéra Des Simplicius Simplissimus (1935), Hartmann était mort avant d’avoir pu entendre cette Scène chantée qui lui avait été inspirée par l’une des pièces les moins jouées de Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943). De l’avant-dernière oeuvre scénique de l’auteur de La Guerre de Troie n’aura pas lieu, le compositeur allemand avait retenu le prologue et un fragment de scène, pour former un texte dénonçant la barbarie humaine. Texte désespéré, effets expressionnistes de la musique, il s’agit bien là d’un drame en miniature (la partition ne dure que 25 minutes), qui donne à l’interprète l’occasion de manifester d’authentiques qualités dramatiques. Voilà qui consolera en partie le public parisien de ne pas revoir sitôt sur scène celui qui fut à l’opéra Bastille un beau Wolfram et un mémorable Mathis le peintre. [Laurent Bury]