Francesco Ernani parti pour de sombres motifs financiers, mais aussi et surtout parce que le chef de cabinet du ministre de la culture et le maire de Rome, Alemano, voulaient sa peau, le mélodrame pour sa succession tient la presse en haleine. Selon le Corriere della sera, c’est Christiano Chiarot, qui a réussi à attirer en masse les sponsors privés à la Fenice, qui tient la corde. Autre changement au poste de directeur artistique : Nicola Sani, défenseur d’une modernité relative (Wilson, Fura dels Baus, Carsen…), est remplacé par un inconnu aux relations politiques manifestement efficaces, Nicola Colabianchi, du conservatoire de Latina, petite ville du sud du Latium.
Et Riccardo Muti dans tout ça ? Il fait l’unanimité … et le discours d’Alemano, soucieux de redorer le lustre du Teatro Costanzi, là où son prédécesseur Veltroni pariait sur l’Auditorium, peut séduire. Mais pour l’attirer dans un tel bourbier, il faudrait trouver des arguments de poids et une équipe de haut niveau… Avec la crise et les coupes sombres dans le budget (-13 millions d’euros de subventions sur un budget de 60), la partie n’est pas gagnée.
Tout cela inspire à Valerio Cappelli, du Corriere (édition du 25 avril), un divertissant article filant la métaphore lyrique : Ernani se voit comparé à Don Carlo, Alemanno à Philippe II, le chef de cabinet du ministre, Salvatore Nastasi, au Grand Inquisiteur… Christiano Chiarot, qui pourra clamer « Vincerò », est Calaf. On trouve même Ping, un des ministres de Turandot, en la personne de Bruno Vespa, journaliste de la Rai, mix de Jean-Pierre Foucault et de Jean-Pierre Pernaut, et récent membre du conseil d’administration de l’opéra. Jean-Philippe Thiellay
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