Toute une promotion de bacheliers a été traumatisée par l’écoute imposée de son Thrène pour les victimes d’Hiroshima (1961). Bien des mélomanes ont grincé des dents en regardant le DVD de son opéra Les Diables de Loudun, monté au Staatsoper de Hambourg en 1969, du temps de Rolf Liebermann. Depuis, le compositeur Krzysztof Penderecki (né en 1933) est revenu de ce modernisme radical pour adopter un style beaucoup plus consensuel, dont témoigne Powiało na mnie morze snów (« Une mer de rêves a soufflé sur moi »), œuvre pour trois solistes, chœur et orchestre, commande de l’Institut Chopin créée en 2010 pour la clôture des festivités marquant le bicentenaire de la naissance du compositeur franco-polonais. Penderecki confie à une soprano, une mezzo et un baryton l’interprétation d’une vingtaine de poèmes dus à divers auteurs, Adam Mickiewicz étant sans doute le seul nom connu du grand public hors Pologne. Ce poème symphonique avec voix s’écoute fort agréablement, les voix y sont traitées avec respect, et le chœur ajoute une touche de ferveur à ces « Chants de méditation et de nostalgie ». Seul hic : on croirait entendre une composition datant d’un siècle auparavant, un mélange de Zemlinsky, de Richard Strauss et de Janacek. Penderecki aurait-il poussé un peu trop loin le retour à la tonalité ?
Krzysztof Penderecki, Powiało na mnie morze snów, Izabela Matuła, soprano, Agnieszka Rehlis, mezzo, Leszek Skrla, baryton, Orchestre et chœur de l’opéra de Bialystok, direction : Wojciech Rajski. Enregistrement réalisé en avril 2013, 1 CD Dux DUX O963, 52’28