Aux côtés de Dietrich Fischer-Dieskau, elle avait d’abord été Pamina ou Cherubino. Elle avait ensuite été sa Marie dans Wozzeck, avant d’être, toujours avec lui, une éblouissante Lulu « l’une des réussites suprêmes de la scène lyrique » selon Elisabeth Schwarzkopf, alors qu’elle avait d’abord failli s’évanouir en découvrant la partition de Berg, abordée en concert puis pour la création scénique de l’œuvre à Vienne. Evelyn Lear nous a quittés hier à l’âge de 86 ans. Née à Brooklyn en 1926, épouse du baryton-basse Thomas Stewart (décédé en 2006), celle qui se définissait comme une « actrice chantante » fut dans un premier temps une grande mozartienne, puis naturellement une grande straussienne : elle interpréta successivement les trois rôles féminins du Chevalier à la rose, où sa Maréchale fut saluée par Karl Böhm et par Maria Jeritza. Elle fit ses débuts au Met en 1967 dans Mourning Becomes Electra, opéra de M.D. Levy d’après la pièce d’Eugene O’Neill, avant d’y interpréter la comtesse des Noces, Elvire de Don Giovanni ou Marie dans Wozzeck. En 1970, des problèmes vocaux l’obligèrent à interrompre sa carrière pendant un an, puis dans les années 1980, elle s’orienta vers des rôles de mezzo, devenant une émouvante comtesse Geschwitz après avoir été la Lulu de sa génération. Depuis ses adieux au Met en 1985, Evelyn Lear se consacrait à l’enseignement.