Vincenzo La Scola est décédé d’un infarctus alors qu’il effectuait un tour de chant en Turquie. Né en 1958, celui qui fut l’un des grands ténors italiens des années 90 avait fait ses débuts en 1983 à Parme dans le rôle d’Ernesto (Don Pasquale). On disait alors qu’il avait dans la voix le brillant de Carlo Bergonzi et la douceur de Luciano Pavarotti (l’inverse eût été encore plus appréciable). Dix ans plus tard, il chantait Rodolfo (La Bohème) au Metropolitan Opera de New York. Emporté par le tourbillon de la gloire, il arriva à Vincenzo La Scola ce qu’il arrive souvent aux chanteurs trop doués mais imprudents : il ne laissa pas à sa voix, foncièrement lyrique, le temps de gagner la maturité nécessaire pour aborder des rôles plus dramatiques. Cavaradossi (Tosca), Pinkerton (Madama Butterfly), Pollione (Norma), Radamès (Aida) succédèrent trop vite aux Alfredo (La Traviata) et Nemorino (L’elisir d’amore) des débuts. Plutôt que le tube « Vita Mia » qu’il interpréta en duo avec Cliff Richards à l’orée des années 2000, on retiendra pour lui rendre hommage une « furtiva lagrima » enregistrée en 1995 pour Naxos alors que son chant, pleinement épanoui, possédait encore ce rayonnement qui est l’apanage des plus grands. Christophe Rizoud