La nouvelle est tombée froidement, hier matin : la grande soprano Hildegard Behrens est morte. A 72 ans, la cantatrice qui se faisait discrète depuis plusieurs années, invitée par le Festival de Kusatsu au Japon pour y donner un récital, a été admise dans un hôpital de Tokyo, dimanche dernier, à la suite d’un malaise. Elle a finalement succombé à une rupture d’anévrisme de l’aorte, le mardi 18 août. Voix radieuse, à la beauté frémissante, fragile et féminine tout en étant résistante, Hildegard Behrens accède à la gloire internationale grâce à Salomé, magnifiée par l’orchestre ensorcelant d’Herbert von Karajan, à Salzbourg en 1977 ; un enregistrement studio a su préserver cette rencontre (Emi). Strauss succède ainsi à Mozart, Puccini, Beethoven, ou Berg alternant rapidement avec Wagner abordé sur les plus grandes scènes, en compagnie des chefs les plus prestigieux. Senta, Elisabeth, voisinent avec Isolde, inoubliable de sensualité et de présence dramatique, puis Brünnhilde, déchirante et guerrière. L’Elektra de Strauss abordée pour la première fois en 1988 (live Philips), restera sans doute son incarnation la plus aboutie : ceux qui l’ont entendue dans ce rôle unique et dévorant à Montpellier en 1995 et à Paris en 1998 notamment, n’oublieront jamais l’immensité de cette interprète, littéralement habitée par cette musique incandescente, son corps désarticulé se rompant sur les derniers accords de la partition. Ces admirateurs se déplacèrent jusqu’à Toulouse en 2004 pour l’entendre une dernière fois dans le rôle de Kostelnicka (Jenufa) terrible et pourtant si humaine. Ses obsèques auront lieu à Vienne. (FL)
Hildegard Behrens en Elettra (Idomeneo) au Met :