Le ténor suisse Éric Tappy est mort mardi 11 juin 2024, à l’âge de 93 ans.
Doté d’une voix très claire, d’une prestance superbe et d’une blondeur radieuse, magnifique ténor mozartien, il était d’une confondante modestie, se décrivant comme un humble artisan de la musique.
Parmi ses rôles marquants, Néron et Titus avec Harnoncourt et Ponnelle, ou Tamino avec Armin Jordan. On pourrait citer aussi Lensky d’Eugène Onéguine ou Alwa de Lulu. Il chanta sous la direction d’Ansermet, Karajan, Sawallisch, Kubelik, Carlos Kleiber, entre autres. Il collabora très souvent avec Michel Corboz dans le répertoire d’oratorio et fut un très grand Évangéliste des Passions de Bach.
Comme Michel Corboz et son cousin le chef de chœur André Charlet, il avait d’abord été instituteur, et commencé par le chant choral. Il avait reçu l’enseignement à Genève de Fernando Carpi et les conseils d’Hugues Cuenod
Il avait cessé de se produire sur scène dès 1981, juste âgé de cinquante ans, en prétextant le trac, pour se consacrer à l’enseignement. Il fut à l’origine de la création de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Lyon et fut pour beaucoup de chanteurs, suisses notamment, une inspiration.
Le ténor Emiliano Gonzalez Toro lui a rendu hommage : « Éric Tappy était non seulement un des plus grands maîtres du chant suisse mais encore une source inépuisable d’inspiration. L’avoir beaucoup écouté chanter Néron et Orphée avec Michel Corboz m’a impressionné de manière durable et est sans doute pour beaucoup dans le choix que j’ai fait plus tard de défendre ce répertoire. Il fut aussi un immense Titus, un magnifique Idoménée, un acteur de première classe chez Ponnelle et Harnoncourt. »
Parmi ses grands enregistrements, l’Orfeo de Monteverdi avec Corboz, Pelléas et Mélisande de Debussy avec Jordan, L’Enfance du Christ de Berlioz avec Colin Davis, Die Zauberflöte de Mozart avec Levine. Remarquable aussi, Die schöne Müllerin de Schubert, avec Ruben Lifschitz.