Il y a à peine 21 mois, le New York City Opera créait la surprise en annonçant la nomination du controversé Gerard Mortier à la tête d’une compagnie en perte de vitesse. Présenté comme le Messie, le nouveau directeur devait être l’artisan d’un renouveau, face au Metropolitan devenu un happening permanent depuis l’arrivée de Peter Gelb. Opéras du XXe siècle, metteurs en scène iconoclastes, travaux de rénovation pharaoniques, tout était accepté dans l’espoir de doper l’institution.
Hélas, la crise est arrivée et l’argent (le nerf de l’opéra, en temps de paix) n’est plus au rendez-vous, la saison actuelle étant déjà fortement déficitaire. Les travaux continuent mais a prochaine saison se réduira à une version concert de Antony and Cleopatra à Carnegie Hall et une série de concerts symphoniques.
Contrairement aux prévisions des oiseaux de mauvaise augure, c’est bien Gerard Mortier qui a choisi de partir de lui-même, quand il a pris conscience qu’il ne disposerait que d’un peu plus de la moitié du budget initialement prévu : le conseil d’administration a en effet refusé d’endetter le théâtre pour la première saison, dont Mortier espérait qu’elle attire des sponsors par son éclat ce qui aurait ensuite résorbé le déficit.
36 millions de dollars au lieu des 60 millions escomptés ? A peine le budget d’un théâtre de province français, et beaucoup, beaucoup moins que celui de l’ONP : » Vous n’avez pas besoin de moi pour ça » aurait déclaré Gerard Mortier, ajoutant qu’il n’avait jamais autant travaillé que ces deux dernières années (ce qui fera plaisir aux contribuables français qui l’auront rémunéré durant la même période pour s’occuper – en théorie – de
l’Opéra de Paris uniquement).
Les creations commandées par Gerard Mortier pour le NYCO restent d’actualité : un opéra sur la vie de Walt Disney par Philip Glass et une adaptation de Brokeback Mountain par Charles Wuorinen, pour lesquels Gerard Mortier a déclaré qu’il chercherait de nouveaux théâtres d’accueil. Mais la saison imaginée par le directeur belge tombe à l’eau : St. François d’Assise ou Einstein on the Beach attendront encore un certain temps avant d’affronter le public new-yorkais. [PC]