Le Grand Opera de Houston se faisait une joie de remonter Nixon in China, presque exactement trente ans après l’avoir créé en 1987, mais une fois de plus, le monde lyrique est frappé par une certaine forme de politiquement correct qui n’est pas nouvelle mais qui prend des formes toujours plus inquiétantes. Après l’affaire Aida récemment évoquée, voilà que la communauté asiatique des Etats-Unis s’indigne de voir les rôles de Mao et de Madame Mao (sans parler de la population chinoise, interprétée par le chœur) incarnés par des chanteurs au physique caucasien ! Il y a bien le baryton Chen-Ye Yuan dans le rôle de Chou En-lai, mais cela ne saurait suffire. Certains groupes n’hésitent pas à voir dans cet emploi d’artistes blancs grimés en Chinois une pratique ouvertement raciste, au même titre que les minstrels du début du XXe siècle, ces musiciens blancs qui arboraient un maquillage outrancier pour se déguiser en Noirs. Plus largement, le problème semble être qu’un compositeur, un librettiste, un metteur en scène et des chanteurs non-asiatiques osent proposer un spectacle dépeignant des Chinois. A ce rythme-là, comme l’a souligné John Adams, il faudra bientôt interdire aux chanteurs asiatiques d’interpréter tout le répertoire occidental…
Nixon in China, mise en scène James Robinson, Houston Grand Opera, jusqu’au 28 janvier