Coup de tonnerre à Nuremberg où l’on apprend que Peter Konwitschny, metteur en scène très recherché Outre-Rhin (Leipzig, Hambourg, Kassel, Munich, Stuttgart…) a été prié de quitter la production en préparation du Trouvère, à quelques jours de la première. Il avait déjà connu un précédent : en 2018, à Gothenburg en Suède, un conflit l’avait opposé pendant les répétitions de Boris Godounov aux techniciens du plateau. L’incident s’était soldé par l’éviction du metteur en scène.
Cette fois-ci la décision a été prise par la direction du Staatstheater, suite à un comportement qualifié d’ « inapproprié ». Konwitschny se serait exprimé « vis-à-vis de certains artistes d’une façon telle que les personnes concernées ont perçu ses propos comme inadaptés et discriminatoires ». La direction n’en dit pas plus sur la teneur des propos, mais Konwitschny, lui, est revenu sur l’incident.
Dans une interview accordée au média bavarois BR24, Konwitschny donne des détails : il s’agissait de la répétition d’une scène avec les choeurs dans laquelle des religieuses devaient apparaître en état de choc, car menacées par des armes à feu. Il précise : « L’une de ces religieuses (chantée par Mme M.) est une chanteuse noire, avec laquelle j’ai souvent travaillé ; à un moment donné, elle s’est détournée parce qu’elle a eu peur du pistolet. Je l’ai interrompue et je lui ai dit : « Madame M., dans une telle situation d’horreur, votre corps peut se détourner mais votre regard, lui, doit rester fixé sur l’arme « . Et j’ai ajouté : « C’est comme en Afrique, quand un lion vous attaque, votre regard ne peut se détacher de lui, c’est tout ». » Les répétitions ont continué normalement, mais le lendemain « j’ai reçu un courriel me signifiant que mon comportement était raciste et discriminatoire. Et le lendemain encore un nouveau message m’indiquant que je n’étais plus admis aux répétitions. » Quelques jours après l’incident, une rencontre a été organisée entre la chanteuse et Konwitschny à la demande de ce dernier. « Je lui ai dit qu’à aucun moment je n’ai pensé l’avoir blessée ; mais que si elle s’est sentie insultée, je lui présentais mes excuses ».
La fin des répétitions a été confiée à l’assistante de Konwitschny, Marie-Christine Lüling.