Poursuivant sa série de spectacles musicaux « légers » dans tous les sens du terme, l’Athénée-Théâtre Louis Jouvet prouve qu’on peut faire rire le public sans oublier de faire de la musique. Le King Arthur visible jusqu’à mercredi est un modèle d’ingéniosité, démonstration éclatante de l’art de réussir un spectacle avec peu de moyens. Sur ce plan, l’inventivité et l’humour du metteur en scène Sybrand van der Werf peuvent servir d’exemple : une malle remplie d’éléments de costume et d’accessoires hétéroclites suffit à planter le décor, à caractériser les personnages et à nous divertir. Le public adhère totalement à ce Roi Arthur bilingue, où cinq artistes néerlandais chantent en anglais et jouent fort bien la comédie en français. C’est donc une version encore plus réduite que celle enregistrée par le même BarokOpera Amsterdam et chroniquée ici même : l’hilarité contagieuse suscitée par le spectacle nous incite cette fois à plus d’indulgence, et certains défauts exacerbés par les micros deviennent beaucoup moins marqués dès lorsqu’on entend les chanteurs sur scène. Frédérique Chauvet dirige avec fermeté sa dizaine d’instrumentistes et déclame même quelques phrases du texte de Dryden, une sélection intelligente permettant de suivre l’action de la pièce. Voilà le genre de production de chambre qui peut être accueilli par n’importe quel lieu, qui peut réjouir tous les publics et qui devrait être remboursé par la Sécurité sociale.
King Arthur, or the British Worthy, Henry Purcell, BarokOpera Amsterdam, du 7 au 12 février, renseignements sur le site de l’Athénée