L’Opéra de Paris vient de lancer une enquête auprès de ses spectateurs afin de « recueillir leur appréciation des programmes de spectacle qui leur sont proposés lors de leur venue dans ses théâtres ». Précision : il ne s’agit pas d’une consultation sur la programmation ou sur les spectacles comme le font couramment certains théâtres (Covent Garden est le plus avancé dans ce domaine), mais bien d’une enquête sur le programme de salle vendu le soir du spectacle. Actuellement, plus de 170 000 programmes de spectacles sont vendus chaque saison, ce qui constitue un élément de recettes important cumulant le prix du programme et la vente d’espaces publicitaires1. Comment faire plus ? La question est effectivement intéressante : quelle peut être la justification de l’achat d’un programme de salle en 2022 ? A l’ère d’Internet, on peut tout à loisir et gratuitement s’informer en ligne sur le titre, le compositeur, voire lire le livret (certains spectateurs ne se privent pas de le faire pendant le spectacle !). On achète aussi le programme pour se remémorer d’un spectacle (encore que les photos du programme actuellement vendu pour La Forza del destino, avec Russell Thomas et, en alternance, Anna Netrebko et Anna Pirozzi, sont celles de la précédente reprise avec Brian Jadge et Anja Harteros…) mais comment inciter à en racheter un nouveau lorsqu’on revient voir Carmen pour la 10e fois, même avec un cahier de photos de la nouvelle distribution ? Des explications sur la mise en scène proposée seraient parfois bienvenues car toutes les productions ne sont pas immédiatement accessibles : hélas il faut souvent se contenter de notes d’intention sans vrai rapport avec ce à quoi l’on assiste. Le plus efficace sera de lire les critiques où les échanges de passionnés sur les réseaux sociaux. A ces questions, Covent Garden a apporté un début de réponse en proposant, en complément du programme papier classique, une bibliothèque digitalisée : on achète un programme numérique, accessible en ligne et téléchargeable sur son smartphone, et celui-ci est mis à jour au fil des reprises. Mais c’est évidemment plus difficile à faire dédicacer !
1. Nous n’avons pas trouvé d’informations publiques sur les tarifs pratiqués par l’ONP mais, à titre de comparaison, Covent Garden imprime trois éditions de ses programmes trois fois dans l’année, vendues chacune à 183 000 exemplaires, soit un total de plus de 500 000 programmes vendus par saison, ce qui est beaucoup plus que l’ONP mais les programmes sont aussi moins coûteux. Une page de publicité couleurs pour une série de programmes est facturée 8 500 Livres, et 1 750 pour une production unique.
