Bastion lyrique le plus à l’ouest de Paris, Opéra du jour clôturait mardi dernier, 12 mai, au Théâtre du Ranelagh une saison qui marquait ses dix années d’existence. Qui mieux que Mozart pour refermer cette décennie, lui dont le nom revient comme un leitmotiv dans une programmation initiée en 2006 par Cosi fan tutte.
Il suffit, séduit, d’écouter Isabelle du Boucher présenter chacun des airs interprétés pour comprendre les liens profonds qui unissent la fondatrice de l’association avec le compositeur des Noces de Figaro. Qu’il soit Comte ou Don, Frédéric Cornille a l’allure et l’aplomb d’un grand seigneur mais Papageno correspond davantage à sa vocalité. Aux traits furieux de « Tiger », le tempérament de Marie Planinsek préfère l’épanchement douloureux d’Illia et de Pamina, mieux à même de souligner la grâce du legato. Accompagnateur zélé, Olivier Cangelosi sort de l’ombre le temps d’une Fantasina composée par Hummel à partir de l’air de Figaro, « Non piu andraï ».
De Mozart à son petit homonyme des Champs-Elysées, il y a un pas qu’Opéra du jour franchira la saison prochaine avec une série de représentations de La Belle Hélène. Isabelle du Boucher annonce aussi la création d’un festival lyrique qui, dès janvier 2016, proposera une fois par mois, toujours au Théâtre du Ranelagh, un grand opéra du répertoire dans une version de poche. Ainsi, perdure dans l’Ouest parisien à rebours d’un contexte économique et culturel préoccupant, une tradition musicale qui remonte au 18e siècle. A l’heure où une réforme scolaire s’applique à rayer de la carte les fondements de notre culture, puisse l’association bénéficier des subventions nécessaires à la poursuite d’une entreprise que le contexte actuel rend encore plus salutaire.