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Palais Garnier : Hugues Gall monte à l’assaut

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Brève
8 novembre 2015
Palais Garnier : Hugues Gall monte à l’assaut

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Depuis 11 ans, Hugues Gall avait tenu à ne pas s’exprimer publiquement sur la politique de ses successeur à l’Opéra de Paris. Le projet de vandalisation de la salle du Palais Garnier le conduit à sortir de cette réserve et à publier dans Le Journal du Dimanche ce jour une tribune virulente (voir ci-dessous). Une pièce de plus dans un dossier qui ne fait que s’alourdir, la direction de l’Opéra ne trouvant d’autre échappatoire que des explications confuses où les mots « projet » et « prototype installé » (sic) surnagent d’une rhétorique nébuleuse. La pétition dont Hugues Gall fait mention a dépassé les 3500 signatures.

>> Signer la pétition

Hugues Gall : « Les vandales ne sont pas qu’à Palmyre. » (JDD, 8/11/2015)

En acceptant la proposition de collaborateurs mal avisés de supprimer les cloisons des loges du palais Garnier, Stéphane Lissner commet une mauvaise action. Je ne peux pas imaginer que sa bonne foi n’ait pas été surprise dans une affaire qui ne concerne pas seulement le directeur de l’Opéra, là que pour six ans, mais l’ensemble des propriétaires du lieu, les Français et la nation. Cette entité rare dans l’histoire de l’architecture demeure l’un des premiers monuments classés et protégés, dû dans son intégralité, à l’exception du plafond réalisé par Marc Chagall, au talent de Charles Garnier et de toutes ses équipes. Les cloisons des loges qui rythment les étages de la salle font partie intégrante de l’harmonie et de la vision qu’il avait de son théâtre. En choisissant de les retirer, on porte atteinte à un chef-d’œuvre. Le palais Garnier est placé sous la tutelle du ministère de la Culture. Il me semble impensable qu’on ait pris cette décision aussi grave sans l’aval de Fleur Pellerin. Si tel est le cas, elle serait par conséquent complice. Sinon, ça en dit long sur le respect qu’on porte à son autorité.

On parle de défigurer définitivement le bâtiment. Cette chirurgie-là n’est pas acceptable ni supportable. Je me suis rendu à l’Opéra il y a un mois et je n’ai rien remarqué. J’ai été alerté par des spectateurs scandalisés. Brigitte Lefèvre (NDLR : ancienne directrice de la danse) m’a appelé, sidérée. Sylvain Fort, responsable de Forum Opéra sur internet, a lancé une pétition, que j’ai signée comme près de 2 500 personnes. Je reçois des messages d’indignation en provenance d’Amérique et d’Europe. Embarrassée, l’administration de l’Opéra adopte la ligne de défense qui consiste à dire que les cloisons sont amovibles. On les laisse la journée pour que les touristes voient le palais dans son intégrité, on les retire en soirée pour les spectacles. C’est prendre les gens pour des imbéciles et je n’en suis pas. Qu’en est-il de la manutention quotidienne ? Si on se met à manipuler les cloisons, au bout de trois ou quatre fois, elles seront fichues et iront pourrir dans les combles ou les caves.

Les vandales ne sont pas qu’à Palmyre. Bien sûr, il n’y a pas de morts et on n’a pas encore mis au bout d’une pique la tête de l’architecte en chef de l’opéra. Durant neuf ans, Stéphane Lissner a été un brillant directeur de la Scala. Je n’ose pas deviner la réaction des citoyens et de la municipalité de Milan devant pareille idée. Il est suffisamment intelligent pour faire marche arrière. On avait fait une étude il y a quelques années. Avec cette modification, on gagne très peu de places et la visibilité n’est en rien améliorée. Les hauts fonctionnaires espèrent engranger 200 à 300 000 euros de plus, autant dire l’épaisseur du trait quand on sait que les recettes de l’opéra représentent 50% de son budget, soit environ 80 millions d’euros. Je suis entré dans la maison comme secrétaire général en 1969 et j’y ai passé vingt et un ans de ma vie. J’ai obtenu à la force du poignet des arbitrages pour rénover et redonner du lustre à un palais mal entretenu. Depuis mon départ, je me suis gardé de m’exprimer sur la politique artistique de mes successeurs et sur leurs actions. Aujourd’hui, devant tant de mépris, je suis plus dans la tristesse que dans l’agression.

 

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Hugues Gall © DR

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